façonnier

façonnier, ière [ fasɔnje, jɛr ] n. et adj.

• 1564; de façon

1 ♦ Rare Personne qui travaille à façon. ⇒ artisan, ouvrier. Façonnier en porcelaine. — Appos. Ouvrier façonnier.

2 ♦ Adj. Littér. Qui fait trop de façons, de cérémonies. ⇒ maniéré, minaudier. « M^me Tite-le-Long était façonnière et très simple, selon qu'elle pensait à sa mère ou à son mari » (Jouhandeau). « l'éducation façonnière des riches » (Rousseau).

⊗ CONTR. Naturel, simple.

● façonnier, façonnière nom Ouvrier(ère) qui travaille à façon.

⇒FAÇONNIER, IÈRE, adj. et subst.

A.— 1. Celui, celle qui façonne, qui réalise un ouvrage. Façonnier en porcelaine (Encyclop. éduc., 1960, p. 165).

— P. métaph. Que des écrivains aient traité en écrivain ce façonnier d'ordures [Émile Zola] (...) cela montre l'anarchie et la misère intellectuelle de tout un temps (L. DAUDET, Stup. XIX^e s., 1922, p. 115).

2. Celui, celle qui travaille à façon. Façonnier à domicile. À Lyon, depuis le XVI^e siècle, le « fabricant » était en réalité un négociant qui amenait la soie et exportait les soieries : il laissait le travail aux canuts, comme façonniers salariés (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 40) :

• 1. Longtemps simple commissionnaire, il n'avait des métiers à lui que depuis cinq ou six ans, et encore faisait-il travailler beaucoup de façonniers, auxquels il fournissait la matière première, et qu'il payait tant du mètre.

ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 571.

— Emploi en appos. Ces contrats collectifs (...) auxquels ne suppléeront pas des « contrats de culture » bizarrement imposés par l'État-entrepreneur aux paysans-façonniers (M. Déat ds L'Œuvre, 23 janv. 1941).

B.— Au fig. (Celui, celle) qui fait des façons, qui manque de simplicité. Que vous êtes façonnier! Cette femme est trop façonnière (Ac.). Allez seulement à deux lieues d'Alca, dans la campagne, pendant la moisson, et vous verrez si les femmes sont façonnières et se donnent de l'importance (FRANCE, Île ping., 1908, p. 340) :

• 2. ... en étant en effet lui-même, et en usant à bon droit de sa manière de sentir pour s'exprimer avec une singularité souvent piquante, il [Marivaux] dépasse sans s'en douter la mesure, tombe insensiblement dans le raffiné, et devient maniéré, minaudier, façonnier, le plus naturellement du monde.

SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 9, 1854, p. 355.

— P. ext. [En parlant d'un obj.] Surchargé, de mauvais goût. J'ai salué la chute des balustrades façonnières et de toutes les abominations mauresques qui déshonoraient le ciel de Passy (GREEN, Journal, 1935, p. 41).

Prononc. et Orth. :[], fém. [-]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1549 « ouvrier en drap » (EST.); 2. 1639 « qui fait des façons, exigeant » (CHAPELAIN, Lettres, I, 359 ds FABRE, Lexique Chapelain, p. 365). Dér. du rad. de façon; suff. -ier. Fréq. abs. littér. :20. Bbg. GOHIN 1903, p. 233.

façonnier, ière [fasɔnje, jɛʀ] n. et adj.

ÉTYM. 1564; « tisserand », 1549; de façon.

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♦ Peu usité.

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I N. Celui, celle qui travaille à façon. ⇒ Artisan, ouvrier (→ Apprentissage, cit. 4). Par appos. || Façonnier à domicile. || Façonnier en porcelaine, en maroquinerie. || Ouvrier façonnier.

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II Adj. et n.

1 Adj. (V. 1650). Littér. Qui fait trop de façons, de cérémonies (⇒ Façonner, II., 3.). || Une femme façonnière. ⇒ Affecté, cérémonieux.

1 (…) une jeune nymphe de quinze ans (…) façonnière et coquette en perfection (…)

M^me de Sévigné, 215, 28 oct. 1671.

2 (…) la plus grande façonnière du monde.

Molière, Critique de l'École des femmes, 2.

3 Dans l'éducation façonnière des riches on ne manque jamais de les rendre poliment impérieux (…)

Rousseau, Émile, II.

4 M^me Tite-le-Long était façonnière et très simple, selon qu'elle pensait à sa mère ou à son mari (…)

M. Jouhandeau, Tite-le-Long, p. 29.

♦ Par ext. || Une éducation façonnière.

5 Cette époque façonnière ne connaissait que le plaisir, non le bonheur.

J. Green, Journal, 27 mars 1971, Ce qui reste de jour, p. 296.

2 N. Rare. || Un façonnier, une façonnière.

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CONTR. (Du sens II.) Naturel, rond, simple.

Encyclopédie Universelle. 2012.